Ayoye
Le concierge d'une école secondaire de Montréal se fait piéger par un «chasseur de pédophiles».
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Le concierge d'une école secondaire de Montréal se fait piéger par un «chasseur de pédophiles».

L'homme croyait aller à la rencontre d'une fillette de 10 ans, mais une mauvaise surprise l'attendait.

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Un concierge d'une école secondaire de Montréal a plaidé couple à des chefs de possession de pornographie juvénile, de leurre informatique et d’incitation d’un mineur à des contacts sexuels.

C'est jeudi que Gabriel Corbeil-Thériault a plaidé coupable au palais de justice de Montréal après qu'il soit tombé dans le piège d'un «chasseur de pédophiles».

La mise en accusation du concierge a eu lieu en mars 2022, mais elle n'avait jamais été médiatisée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Selon ce qu'a indiqué un porte-parole du centre de services scolaire de Montréal à La Presse, Gabriel Corbeil-Thériault ne travaille plus pour la CSSDM, mais on ignore la période de l'emploi de l'accusé.

Les policiers ont fait la découverte de 100 000 fichiers dans l'ordinateur de l'ancien concierge, dont plusieurs montrant des nouveau-nés autant que des adolescentes en train de subir des agressions sexuelles et des scènes de bestialité. Certains documents montraient même des enfants dans des cages.

Le procureur de la Couronne, Me Charles Doucet, a expliqué qu'il entend demander une peine de pénitencier, donc au minimum deux ans de détention : «[Du contenu] particulièrement choquant, scabreux et odieux.»

C'est un citoyen qui s'improvise «chasseur de pédophiles» qui est parvenu à piéger Gabriel Corbeil-Thériault.

Le «chasseur de pédophiles», qui utilise le pseudonyme de «Fred Gagnon» a livré le fruit de son enquête au Service de police de la Ville de Montréal sur la page Facebook du corps policier.

Les éléments présentés par «Fred Gagnon» montrent qu'il a fait la rencontre de Gabriel Corbeil-Thériault sur une plateforme connue pour le stockage d’images pédopornographiques.

Le suspect a rapidement confié à «Fred Gagnon» qu'il aimait les petites filles de 10 à 12 ans, puis les deux hommes ont commencé à discuter sur Wickr, une application de messages cryptés.

«Fred Gagnon» a ensuite inventé qu'il avait une nièce de 10 ans, nommée Vanessa, afin d'appâter le suspect à qui il a demandé 100 $ pour «rencontrer» la fillette.

Un rendez-vous a ensuite été fixé vendredi à 17 h dans le stationnement de l’école Eulalie-Durocher.

Une fois que le rendez-vous a été confirmé, «Fred Gagnon» a communiqué avec le SPVM, puis l'enquête qui a repris le dossier a avisé le «chasseur de pédophiles» de ne plus échanger avec le suspect.

La reprise du dossier par le SPVM a forcé un report du rendez-vous, ce qui a énormément déçu Gabriel Corbeil-Thériault, qui a réagi en déclarant: «Tu ne la possèdes pas ?? J’avais tellement hâte de la voir sérieux. Je vais-tu avoir un petit cadeau pour l’attente que j’ai eue aujourd’hui. Si tu veux bien sûr ? »

Alors que c'est maintenant un agent double qui communique avec Gabriel Corbeil-Thériault, ce dernier lui demande d'amener Vanessa à sa «job». Le suspect déclare: «J’ai tellement hâte oui. [...] As-tu beaucoup de filles à [la] maison qui seraient dispo ? »

Un faux profil de Vanessa est créé par les policiers afin d'échanger avec Gabriel Corbeil-Thériault et ce dernier commence à questionner la fausse adolescente au sujet de ses rêves et de ses émissions préférées. Le prédateur interroge ensuite Vanessa au sujet de son corps et de ce qu’elle aime faire.

Au fil des messages, Gabriel Corbeil-Thériault décide d'aller directement au but en invitant Vanessa à son lieu de travail, précisant même qu'il sera «seul» à partir de 17 h. Le prédateur suggère à Vanessa de la «dégêner» et de lui «apprendre le sexe». Il ajoute: «Je vais te l’enseigner. Je te le ferai vivre.»

Le prédateur va même jusqu'à demander à Vanessa si son âge lui pose un problème: «[J’ai] 26 et tu en as 10. Je ne veux pas que ça te freine à me parler. [...] Est-ce que cette conversation est assez discrète pour ne pas m’attirer d’ennui ? J’ai eu ça en février et j’ai perdu un profil que j’avais depuis 10 ans. Ça me fait chier.»

Ces propos de Gabriel Corbeil-Thériault faisaient allusion à des dénonciations en matière de pornographie juvénile dont il a fait l'objet entre 2017 et 2019. Le prédateur n'avait toutefois pas été accusé.

Les autorités ont indiqué que le Gabriel Corbeil-Thériault a été contacté à deux reprises en 2020 par un enquêteur qui souhaitait l’aviser que le partage de telles images était illégal. Le suspect avait tenté d'expliquer ses gestes en parlant de son autisme. Les forces de l'ordre n'ont pas précisé s’il travaillait alors dans une école secondaire à cette époque.

Signalons enfin que le dossier sera de retour en cour en avril prochain.

Source: La Presse