Ayoye
Un couple de Saint-Jean-sur-Richelieu adopte quatre enfants lourdement handicapés dont personne ne veut
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Un couple de Saint-Jean-sur-Richelieu adopte quatre enfants lourdement handicapés dont personne ne veut

« On n’est pas des héros. On veut juste qu’ils soient heureux »

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Un couple de Saint-Jean-sur-Richelieu a décidé d'accueillir à la maison quatre enfants qui ont été abandonnés par leurs parents en raison de lourds besoins particuliers (physiquement ou psychologiquement).

Mélanie Graveline et Paul Chrétien sont parents de cinq enfants biologiques, dont trois qui sont grands et qui ont quitté la résidence.

Voilà donc que les deux parents ont fait le choix d'accueillir cinq autres enfants qui ont été abandonnés par leurs parents, car ceux-ci ont de lourds besoins.

Par le passé, Mme Graveline a déjà accueilli des enfants qui avaient besoin de soins. La mère a souvent dit aux intervenants de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Montérégie: «S’il y a un cas que personne ne veut et qui a besoin de soins, je vais le prendre. Appelez-moi en dernier recours.»

Le conjoint de Mme Graveline demeure très humble par rapport à leur implication auprès de ces enfants: «On n’est pas des superhéros, mais on fait notre gros possible.»

Du côté de Mme Graveline, celle-ci explique son implication ainsi: «C’est du don de soi. Je ne peux pas dire que des fois, je ne pleure pas!»

Selon M. Chrétien, le fait d'accueillir ces enfants est une expérience toujours très enrichissante: «Ils n’ont personne! Tout le monde veut des enfants parfaits. Avec eux, il n’y a pas d’attente, c’est ça qui est merveilleux. On le sait qu’ils n’iront sûrement pas à l’université. [...] On veut juste qu’ils soient heureux.»

Parmi les enfants qui ont trouvé un toit grâce au couple, il y a Méliane, 6 ans, et Jasmine, 3 ans, qui ont été adoptées via l’Association Emmanuel, dont la mission est de trouver une famille à des enfants que les DPJ n’arrivent pas à placer.

Deux autres enfants vivront aussi chez le couple, Jessica et Maxime, dont le processus d’adoption est en cours.

Méliane est avec une duplication des chromosomes 2 et 17 et elle souffre de problèmes cardiaques complexes, en plus d'une déficience intellectuelle légère. Son espérance de vie est estimée à 30 ans et elle a vécu à l'hôpital jusqu'à son adoption après avoir été abandonnée. Elle avait quatre mois lors de son adoption.

Mme Graveline a expliqué: «Peu importe le temps qu’elle va vivre, elle a besoin d’un papa et d’une maman. On s’est dit qu’on allait s’arranger pour qu’elle soit heureuse pendant 30 ans.»

En ce qui concerne Jasmine, elle est née avec un retard de développement et le syndrome du cri du chat (causé par un défaut au chromosome 5 et dont les pleurs aigus sonnent comme le cri d'un chat). La petite Jasmine souffre aussi d'une déficience intellectuelle et d'un retard de développement. Elle a été abandonnée par ses parents d'origine coréenne et les Chrétien l'ont accueillie à la maison à l'âge de trois mois.

Mme Graveline a confié: «Pour ses parents, c’est culturel. Avoir un enfant handicapé apporte la malchance. J’ai été la chercher à Sainte-Justine. Quand je suis revenue mon chum a dit: "Elle n’a pas de famille. C’est sûr qu’on la garde et qu’on l’adopte"».

Selon la mère, beaucoup de familles avaient peur du syndrome de la fillette: «On nous avait dit que jamais elle ne serait capable de manger par la bouche. Et j’ai fait un petit miracle encore une fois! Ce qui fait qu’on est passé d’un cas lourd à un cas léger à modéré.»

En ce qui concerne Jessica, qui a 6 ans, elle souffre de plusieurs troubles (attachement, opposition, hyperactivité) et de l'anxiété. Son dossier du DPJ faisait 800 pages à l'âge de 3 ans.

Mme Graveline a déclaré: «Si ça ne fonctionnait pas chez nous, c’était le centre de réadaptation. Quand elle est arrivée, elle mordait, griffait, crachait. C’est à peine si elle disait deux mots.»

La petite Jessica a finalement pu intégrer une classe régulière de première année à l'automne et son adoption est en cours.

Pour ce qui est de Maxime, il est né avec deux chromosomes défectueux (15-16) et il a des risques d'être diagnostiqué avec de la schizophrénie, de l'obésité, de l'autisme ou des problèmes de santé mentale en vieillissant.

Mme Graveline a accueilli Maxime à trois jours de vie après son abandon par ses parents: «C’est comme une zone grise [s'il va développer un retard mental], on ne le sait pas. Mais comme il a un milieu de vie stable, et qu’il est encore petit, on espère que ça ne se développera pas.»

Enfin, la mère a encouragé les autres parents qui sentent avoir la force de le faire de s'impliquer: «Si la petite flamme vous habite, foncez, essayez. Posez des questions.»

Voici le reportage de TVA :